Nijnii Novgorod, la Russie hors des sentiers battus.

Appelée Gorki de 1932 à 1991 et la chute de l’Empire Soviétique, Nizhny Novgorod (c’est ainsi que cela s’orthographie si vous tentez de trouver cette destination sur votre site de voyage préféré!) est une ville aussi imposante que méconnue se situant en Russie, à environ 500 kilomètres à l’Est de Moscou.

Imposante, oui! La cité ne compte pas moins de 1,3 millions d’habitants. Méconnue également et ce sans doute à cause de son histoire l’ayant isolée au sein même du pays, à l’époque de l’Union Soviétique. En effet, durant la seconde guerre mondiale, la ville devint le plus grand centre d’armement du pays… Ce qui la rendit quasi-interdite aux étrangers jusqu’à la chute du mur! Issue de ce contexte historique peu favorable, on comprend aisément les gens de ne pas mettre cette destination en haut de la liste des priorités pour les prochaines vacances.

Et c’est bien dommage! Même si, je l’avoue, mon avis est un peu – beaucoup – passionnément – à la folie – partial, il n’en demeure pas moins que Nizhny saura attiser la curiosité des baroudeurs ayant fait le choix de l’escapade un peu plus authentique que celui du tourisme de masse.

Alors c’est décidé? On se laisse embarquer???

Paris – Nizhny, aux dernières nouvelles, ce trajet n’existe pas en vol direct, il vous faudra subir une escale, souvent à Moscou, pour un prix avoisinant les 450 euros. En grattant un peu, on trouve même des allers-retours à 375 euros, mais pour le coup il vous faudra subir 2 escales. Dans l’absolu, on peut même y aller en train, voire en bus… A vos risques & périls ! Ayant la chance de connaître des gens sur place, ce fût rarement mon option et j’ai la plupart du temps débarqué à Moscou, et fût emmené en voiture pour terminer le trajet. Le parcours routier est cela dit folklorique, et il ne faut ni être pressé, ni être cardiaque, les routes russes ayant leur mode de fonctionnement propre que seules des années de pratiques permettent d’apprivoiser sereinement. Chantiers, nid-de-poule et contre-sens, croyez-moi, on ne s’y habitue jamais quand on est que passager! Une dizaine d’heures plus tard (!) et nous voilà déjà (!) arrivés… !

mariage sam 434b
Le panorama à couper le souffle sur la Volga.

Divine Volga

La première chose qui subjugue en se dirigeant vers le centre historique de Nizhny, et c’est le cas à chaque fois que j’y retourne, c’est la présence imposante de la Volga qui la traverse. Ce fleuve par sa taille et sa majesté est le premier symbole de l’immensité russe que Nizhny nous donne à voir. Je l’ai pris en pleine face et son effet est le même à chaque fois : hypnotique ! Le meilleur moyen d’ailleurs de contempler le fleuve, est de se diriger sur les hauteurs de la ville. En compagnie de la statue de l’écrivain Maxime Gorki, celui-là même qui donna son autre nom à la cité, on remarque l’Oka, son affluent, pas loin d’être aussi imposant, à la croisée des chemins. D’ailleurs, la proximité du fleuve permet également de s’adonner aux joies des croisières fluviales, ce qui vaut son pesant de cacahuètes en termes de dépaysement. Mais cela est une autre histoire que je vous conte bien volontiers dans ce carnet de route: J’ai embrassé la Volga.

Le Centre Historique

Outre la Volga, Nizhny apparaît comme une ville au cœur historique. Son Kremlin, caractérisé par ses remparts fortifiés en petites briques rouges construit au XVIe siècle, est l’une des curiosités de la ville. Dominant la Volga, les jeunes mariés y immortalisent l’instant mais pas seulement. Des bars et restaurants y demeurent en son sein, ainsi que des salles d’exposition, églises, stands de souvenirs ou encore vestiges militaires sur lesquels les enfants s’emploient à se photographier. L’endroit demeure un passage obligé d’une sortie en ville ! Un conseil tout de même. Si vous avez des amis russes qui vous accompagnent, laissez les parler à votre place. Il arrive parfois que les tarifs appliqués aux étrangers aient une légère tendance à l’inflation quand on remarque que vous n’êtes pas vraiment du coin. Ceci n’est bien sûr pas systématique, mais cela arrive parfois.

Une ville jeune

Quand on se promène dans Nizhny, on observe également une jeunesse très présente. La ville est en effet universitaire. Il existe ainsi de nombreux cafés, pubs et restaurants originaux, qui ne manqueront pas de ravir les adeptes d’endroits branchés. Les jeunes y sont nombreux et très actifs culturellement parlant. Un des lieux caractéristiques de cette tendance est le Bufet Café. L’établissement est tour à tour salle de concert, salle d’expo, café, restaurant ou tout à la fois. J’adore ! Mais son vrai plus c’est Gousar (en espérant avoir correctement orthographié son prénom), sorte de personnage improbable ressemblant à un vieux biker, polonais, qui a la particularité de vous préparer un café personnalisé rien qu’en vous regardant, mélangeant épices en tout genre et caféine, votre boisson aura à coup sûr un goût unique. Si vous passez à Nizhny, je vous conseille d’y faire un tour, cela met une grande claque à pas mal d’idées reçues quand on vient de Paris sans connaître ce pays. Enfin, un petit détail et pas des moindres, la ville étant peu habituée aux touristes étrangers, les cartes ne sont que (trop) souvent exclusivement en russe… Alors la tâche se compliquera grandement si vous n’avez pas un minimum de bagage linguistique dans la langue de Pouchkine… Selon les endroits cependant, vous aurez quand même l’occasion de croiser une jeunesse estudiantine qui maîtrise l’anglais. Il y a même à Nizhny une Alliance Française où, si le mal du pays vous gagne, il est possible de se réfugier. Quand j’habitais Nizhny, il m’arrivait d’y passer. Histoire d’avoir des nouvelles de la mère patrie. Et on me parlait de Sarkozy. Donc je ressortais assez vite en fait. Le mal du pays d’accord, mais il ne faut rien exagérer.

Pakrovskaia, les Champs-Elysées

Si vous déambulez à Nizhny, vous ne pourrez non plus échapper à son artère principale, « Bolchaia Pakrovskaia » (la grande rue Pakrovskaia), qui est à Nizhny ce que les Champs-Élysées sont à Paris, toutes proportions gardées, je m’enflamme un peu, je l’avoue. La rue principale dispose de tout ce dont peut rêver les habitants des grandes villes. Cinéma multiplex, théâtre, magasins de sports, fringues, grands magasins de souvenirs, etc … Il y a même un casino à la devanture pétante, pour les amateurs seulement! De nombreux étalages de souvenirs d’artisans locaux vous permettront de garder un petit quelque chose de typique de cette ville. Mon conseil sera de vous arrêter dans un des nombreux restaurants et d’y déguster soit des « Pelminis », sorte de petits raviolis à la viande souvent servis dans une soupe, soit des « Perochkis », spécialité typique, se présentant sous forme d’un beignet rempli de choux, de riz, de viande, de confiture… Pas de panique, on vous permet de choisir avant. Maintenant si vous ne maîtrisez pas complètement le russe vous pourrez toujours dire que vous avez fait l’expérience du chou dans le café… Ce qui est arrivé à très peu de monde, soit dit en passant.

Culture, Histoire & Architecture

Passionnés d’architecture, vous ne serez pas en reste. Nizhny dispose, outre le Kremlin, de nombreux monuments valant leur petite séance de shooting. Personnellement, si je devais avoir un petit faible pour une image de carte postale de la Russie, je choisirais de garder celle me montrant les si typiques églises orthodoxes, si colorées parfois qu’on se croirait au pied d’un monument Disney, la majesté en plus, l’odeur de churros en moins. Il existe de nombreuses bâtisses religieuses à Nizhny. Mais si vous devez en visiter qu’une, je vous conseille sans hésiter l’église de la Nativité de la famille Stroganov, si caractéristique avec ses coupoles multicolores que nombreux considèrent comme un musée des beaux-arts à elle seule. Malheureusement, il y a un hic et de taille pour moi, photographe, il est interdit de shooter à l’intérieur… Au moins moins ça évite le serial-selfie de sévir, c’est déjà ça. Bonjour la frustration cela-dit de ne pas pouvoir ramener un petit cliché de ces icônes peintes et authentiques… Mais les grenouilles babooshka de bénitiers veillent et il aurait été dangereux de s’y frotter.

Nijnii Novgorod, la douceur d’y vivre

Plus globalement, ce qui me frappe à Nizhny, quand j’y séjourne périodiquement mais c’était aussi le cas quand j’y ai vécu il y a quelques années, c’est l’apparente douceur de vivre qui règne dans la ville. Plus précisément, dans le centre historique. Dès qu’on rallie la banlieue c’est une autre histoire, surtout en termes de circulation routière. Venant de Paris, le contraste est flagrant. Le temps semble s’y écouler plus lentement. Comme si la ville calquait son rythme sur celui du doux débit de la Volga. Que reste-t-il alors d’un séjour à Nizhny ? Personnellement, pour la première fois de ma vie, je me suis senti étranger et non touriste. Ce sentiment est renforcé par le fait qu’il y a très peu de visiteurs autres que russes qu’il est difficile de ne pas confondre avec la population locale quand au début on ne parle pas un traite mot de la langue. Ceci attise également la curiosité des habitants qui comprenant que vous n’êtes pas du coin, se demande ce que vous êtes bien venu faire ici. Si vous leur dîtes venir de Paris et avez déménagé, il vous regarde comme si E.T. venait de débarquer. En règle générale, il demande une seconde fois pour être sûr d’avoir bien compris et constater que, effectivement, vous avez dû tomber sur la tête. C’est toujours une vraie bonne occasion de lier connaissance et de leur expliquer d’abord la réalité parisienne au quotidien pas si romantique et carte postale qu’ils l’imaginent, mais surtout de leur confirmer à quel point leur ville est attachante et que le fait d’y vivre leur a sans doute fait oublier ceci. Souvent il me réponde que l’argument vaut pour Paris. Ce qui n’est pas faux. Peu importe, le principal étant d’avoir l’occasion d’échanger, ce qui se fait plus facilement qu’on le croit, tant le stéréotype du russe glacial et semi-mafieux à la dent dure. Au final, Nizhny n’est pas à conseiller aux « touristes » à part entière (hormis peut-être ceux qui débarqueront accompagnés dans le cadre d’une croisière organisée), ils n’y trouveront pas vraiment les visites exceptionnelles qu’ils pourront faire ailleurs, que ce soit en Russie comme à St Saint-Saint-Pétersbourg par exemple, où ailleurs en Europe comme à Prague ou Barcelone. Non, cette ville est plus pour adeptes de culture et de société, pour ceux qui aiment s’imprégner de l’âme d’un lieu et d’une population encore non pollués par le tourisme de masse et les retraités en short. C’est une grande ville encore authentique qui nécessite un minimum d’immersion pour être comprise et appréciée. C’est pour ça qu’en temps qu’expatrié, je m’y suis de suite intégré. En séjournant à Nizhny, je peux affirmer sans trop me tromper, avoir un peu découvert ce qu’était la Russie authentique et la vie des Russes.

Photos ©Samuel Hervy

4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Une ville qu’on a de ce pas envie de découvrir, et loin des circuits habituels. Je la coche sur ma liste !

    Aimé par 2 personnes

  2. marketingandcoblog dit :

    Bon bah c’est malin maintenant je vais devoir aller visiter la Russie moi! Avec toutes les destinations que je dois faire, ça va me faire un sacré planning !

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire